…se taisent à jamais !
Dans la Karl Marx Straße à Neukölln, une femme est assise en plein milieu du trottoir au milieu de dessins d’enfants, fait à la craie. Elle doit avoir la quarantaine, les cheveux roux pas coiffés dans un chignon lâche, sa peau est claire et usée, son corps est mince et noueux. Elle ressemble à une brindille qui pourrait se casser à tout moment et pourtant, son visage marqué révèle une vie dure, passée à faire la manche et à dormir dans les rues.
Elle demande alors aux passants –qui l’ignorent pour la plupart – de lui offrir un sourire en cette journée ensoleillée et de dessiner à la craie autour d’elle afin de lui redonner la joie de vivre. Il y a déjà des nuages jaunes et des soleils bleus autour d’elle. Elle me tend une craie et me raconte sa vie d’un ton monocorde et désabusé, comme si elle avait appris son texte par cœur. Je lui offre mon plus beau sourire, dessine un œil bienveillant sur l’asphalte et disparait. Un sourire et des couleurs peuvent parfois faire des miracles, notamment quand les gens ont constamment le sourire à l’envers et se laissent broyer par la ville grise.