Pour se détendre après le boulot, il n’y a rien de mieux que de se faufiler dans la salle (chauffée) de concert de l’UDK, l’université des Arts de Berlin, de se laisser choir sur un siège et profiter des instants magiques d’un concert de piano. Sur la scène, nous découvrons un piano et cinq jeunes musiciens de talent, de trois nationalités différentes : japonaise, allemande et russe. Ces derniers nous ont joué avec la plus grande des précisions et sans partition les plus grands classiques des siècles derniers : Bach, Chopin, Skrjabin, Schubert et Schumann. C’était vraiment magnifique, presque méditatif. Les mélodies étaient parfois violentes, parfois douces, joyeuses, entraînantes ou mélancoliques. Je suis loin d’être une pro de la musique classique et ne peux réellement juger de la qualité, mais comme dit M. l’important c’est d’apprécier et non pas d’analyser chaque note jouée sous les doigts habiles des jeunes talents. Pour que vous puissiez réécouter cette playliste, je vous remets le programme de la soirée, en vidéo (oui, parce qu’à Berlin, il n’y a pas que de l’électro, et heureusement !).
Le programme
1 # Toccata e-moll – Bach
Une oeuvre de Bach très complexe, difficile à interpréter et qui pose de nombreuses questions.
2 # Préludes Op.11 – Skrjabin
Il s’agit-là d’une oeuvre composée de plusieurs morceaux assez courts et très différents les uns des autres. Elle est également comparée à « un journal intime musical et artistique » qui aurait été inspiré par un séjour dans différentes villes en 1895 : Berlin, Dresden, Heidelberg, Vitznau, Genua et Nizza. L’élaboration de ce cycle aurait été largement influencées par les Préludes Op.28 de Chopin, même si cela n’a pas été encore prouvé. Personnellement, j’ai trouvé le morceau beaucoup trop long et il ne m’a pas réellement touché.
3 # Polonaise Fantasie – Chopin
Chopin compose sa première Polonaise à l’âge de 7 ans et sa dernière Polonaise trois ans avant sa mort : la Polonaise Fantasie. C’est à cette époque que l’écrivain de « La petite Fadette », George Sand le quitte et que sa pneumonie empire. Il s’agit d’un morceau aux multiples facettes qui semble libre et improvisé et qui mélange les genres : tantôt des mélodies tristes, tantôt des tonalités oniriques, tantôt un sherzo joyeux… On peut alors imaginer que Chopin pense à ses origines et à son pays, la Pologne. Ce fut l’un de mes morceaux préférés que la pianiste japonaise a joué avec une grâce incroyable.
4 # Sonate A-Dur D664 – Schubert
La première partie reflète la noblesse, la beauté et la simplicité. Quelques notes dramatiques ou menacantes viennent toutefois troubler la quiétude du morceau. La seconde partie reflète une ambiance assez nostalgique. La dernière partie enfin délivre tous les éléments qui manquaient aux deux premières parties : la virtuosité et la joie mais nous rappelle aussi les danses de Vienne. Une sonate aux notes très positives, fleuries et ensorcelantes, peut-être inspirée par un voyage ou une jeune femme. Ce fut mon morceau préféré, car les notes étaient parfois très cristallines.
5 # Kreisleriana – Schumann
Le nom propre “Kreisler” provient du nom d’un protagoniste des histoires de E.T.A Hoffmann : « Les Fantaisies à la manière de Callot » et « Le Chat Murr ». Kreisler représente le génie musical, créatif, passionné, philosophe et très sensible. Ce morceau aurait été composé pour Clara Wieck, son grand amour également compositrice et pianiste de talent. A cette période, le père de Clara s’opposait à leur mariage et c’’est à travers cette œuvre que Schumann déclare au grand jour son amour à sa dulcinée. Comme quoi, il y a souvent une femme derrière des grandes œuvres. Le pianiste a interprété ce morceau avec rapidité et puissance.
Un parallèle avec l’œuvre de l’écrivain autrichienne Elfriede Jelinek : La pianiste
Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à « La Pianiste », roman d’Elfriede Jelinek, lorsque j’ai vu le programme de la soirée. En effet, l’œuvre féministe de cette écrivain d’origine Autrichienne réunit dans ses écrits les compositeurs de génie Chopin, Schubert et Schumman. Par ailleurs, l’un des pianistes interprète jouant ce soir-là, possédait une ressemblance flagrante avec le jeune élève Walter Klemmer, protagoniste du livre. C’en était vraiment troublant. Enfin, Clara, la femme de Shumann, dont on parle juste au-dessus, est évoquée dans le livre et possède de nombreux points communs avec Erika, la protagoniste principale de l’histoire : une femme intelligente qui aimerait sortir du rang, qui souhaiterait s’épanouir personnellement, mais qui est finalement rejetée dans le rôle traditionnel de la femme, dans une société patriarcale.
J’ai dû également penser à une phrase d’Adorno et qui décrivait très bien la façon de jouer du dernier interprète notamment, extrêmement précis et techniquement parfait :
“Der Schlüssel jeglichen Gestaltens von Kunst liegt in der Technik” (La clé de toutes formes artistiques réside dans la technique).
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Le site de l’UDK et son programme L'adresse : Universität der Künste Berlin Konzertsaal Bundesallee 10719 Berlin Entrée : gratuite Métro : U9 Spichernstraße Evaluation : ★★★★★
Petite-Mam
Dimanche j’étais invitée à la crémaillère de ma cousine et de son chéri, en fin de journée il a jouait du piano.. Un délice dans les oreilles ! Merci à toi d’être passé !!! Bisous.
Schnuki
Cool 🙂 Ouai le piano, c’est vraiment génial ! Si seulement je savais aller plus loin que Au Clair de la lune 😀
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