Lors de ce week-end froid, nous avons accueilli un pote photographe chez nous. Il connaissait déjà le circuit touristique de Berlin et voulait un peu sortir des sentiers battus. Nous avons donc longé l’immense parc Tempelhof et avons fini par la visite de l’hôpital abandonné de Neukölln, autrefois spécialisé dans la puériculture et la gynécologie, véritable « usine à bébés ».
« Der erste Schrei oder wie man in Neukölln zur Welt kommt »
(Le premier cri ou comment l’on vient au monde à Neukölln)
L’hôpital pour enfants de Neukölln a une histoire bien particulière, notamment à travers les deux grande guerres. Erigé par l’empereur de Prusse Wilhelm II pendant la Première Guerre mondiale, son premier directeur était un certain Sigfrid Hammerschlag. Celui-ci était juif et a dû quitter sa fonction lors de la Seconde Guerre mondiale pour laisser la place au professeur Bennow Ottow, membre du NSDAP et propagateur de l’idéologie nazie auprès des sages-femmes, des mères mais aussi des bébés, enrôlés dès leur naissance. Cette citation fait d’ailleurs froid dans le dos :
“Breithüftige, kerngesunde, frohe Mütter, die ihre Kinder mit eigener Muttermilch stark machen und zu kräftigen Jünglingen und Jungfrauen ausbilden, die braucht unser Vaterland, das gegen die rings drohenden Feinde noch lange kampfgerüstet sein muss, um sich zu erhalten in dem notwendigen Daseinskampf.” (sources : Studienrat Hermann Raydt, zit. nach Henrik Stahr: Rettet die Deutschen, Säuglingssterblichkeit und Säuglingsfürsorge in Neukölln 1907-1917; in: Der erste Schrei, Bezirkamt Neukölln, Berlin 2000, S.7)
Traduction : Des mères heureuses en bonne santé et aux hanches larges qui nourrissent leurs enfants au lait maternel, pour les rendre plus résistants et les éduquer de manière à ce qu’ils deviennent des jeunes gens forts, dont la patrie aura besoin et qui devront être préparés à la menace de l’ennemi afin de se conserver lors de la lutte pour l’existence.
Ensuite détruit par les bombes, le bâtiment a été reconstruit et agrandi puis a finalement été abandonné en 2005, au profit d’un autre établissement plus moderne. Ce sont plus de 3000 bébés par an de bébés qui ont vu le jour dans cette maternité, autrefois très prisée.