On a décidé d’instaurer les dimanches culturels (je ne sais pas si on va s’y tenir mais c’est une bonne idée ! ). Ce dimanche donc, nous avons visité le musée gratuit « Topographie des Terrors » (topographie de la terreur) qui relate la lente descente aux enfers de l’Europe lors de la prise du pouvoir par les nazis. L’exposition ne se veut pas moralisatrice, elle expose simplement les faits tels qu’ils étaient : des photos qui choquent, des citations fortes et des explications neutres. Par ailleurs, ce site a été le siège de la police secrète entre 1933 et 1945… Ce qui fait vraiment froid dans le dos.
L’Allemagne porte, encore aujourd’hui un passé très lourd, qui restent dans les esprits et même des nouvelles générations. Pour comprendre la culture allemande, il à mon sens est important de s’intéresser à cette histoire.
1933 – La fin de la République de Weimar et le début des persécutions
Une partie de l’exposition commence dehors face à des pans du Mur et nous expose les débuts de la terreur en 1933, là où tout a commencé. La crise économique touche une majorité de la population, ce qui profite à la montée de l’extrême droite et entraine la chute de la République mal-aimée : la République de Weimar. C’est cette même année qu’Hitler devient chancelier du Reich et se fait appeler « Führer » (le guide). Il promet au peuple une meilleure situation. C’est un excellent orateur qui sait persuader les foules. Et si la Guerre n’a débuté qu’en 1945, les persécutions ont commencé bien avant, dès 1933. Celles-ci sont perpétrées contre les ennemis du pouvoir, c’est-à-dire les membres de partis communistes, les syndicalistes et aussi les Juifs. L’antisémitisme est à l’époque déjà très présent.
Les victimes, considérées comme ennemies du parti, sont de plus en plus nombreuses cette-année-là. Des panneaux rouges vifs nous rappellent le nom des victimes tuée sous les balles ou qui se sont suicidées sous la pression. Il est étonnant de voir que la plupart sont des écrivains, des grands sportifs, des étudiants, des artistes et des journalistes.
- Le 1er avril 1933, les magasins juifs – ainsi que les cabinets d’avocats et de médecins juifs – sont boycottés. Et ce n’est que le début de la terreur antisémite..
- Le 1er mai 1933, Hitler instaure « Der Tag der Nationalen Arbeit » (le jour national du travail) à l’aéroport de Tempelhof où il réunit les foules – plus d’un million de personnes ! – qui l’acclament. Ce jour-là, les syndicats deviennent interdits.
- Le 10 mai 1933, les livres sur liste noire dont l’idéologie ne convient pas sont brûlés et les journaux censurés afin de favoriser la propagande et d’éviter tout autres mouvements de pensée.
L’institution de la terreur – entre utopie et dystopie
Nous poursuivons la visite à l’intérieur, la boule au ventre. M. remarque que ce qui la choque le plus, ce sont les photos des soldats SS qui sourient et contrastent violemment avec la misère des persécutés : tortures, humiliations et pendaisons publiques. Rien n’est caché, tout est montré et mis à nus afin de nous ouvrir les yeux sur le passé, notre passé.
Et pourtant on remarque aussi dans l’idéologie nazie, des idées utopiques : le policier est le « bon » qui se débarrasse de la « vermine » et offre ainsi à sa population une cité « propre » et harmonieuse, où règnent la paix et la conformité. La devise « Die Polizei, Dein Freund, dein Helfer » (la police, ton ami, ton sauveteur) en est d’ailleurs un bon exemple. D’où une épuration violente de tous ceux qui ne répondraient pas aux critères de la perfection aryenne : entre autres, les homosexuels, les communistes, les Juifs, les Polonais (considérés comme des sous-hommes), sans oublier les handicapés. Ces derniers furent euthanasiés, car « Wer nicht arbeitet, soll auch nicht essen » (Ceux qui ne travaillent pas, n’auront pas à manger).
Or on sait très bien que toutes les tentatives d’utopies ont échouées : celle-ci devient dystopie et les bains de sang se multiplient dans toute l’Europe.
A la fin de l’expo, il y a des petits films sur le procès de Nuremberg et de la documentation sur les différents procès après 1945. C’est terrible de voir que les coupables ne disent pour leur défense qu’ils n’ont fait « que » suivre les ordres, comme si ils voulaient se laver de toute accusation. Il est dit, par ailleurs, que seule une petite partie des coupables dirigeants se sont fait juger et que le reste a réussi à en réchapper, par des moyens plus ou moins frauduleux. Pour plus de documentations encore, vous pouvez également consulter les journaux d’époque qui sont mis à votre entière disposition !
Allez, et je vous ajoute une petite vidéo sur le procès de Nuremberg !
Cette expo est poignante et met mal à l’aise, je la conseille à tous ceux qui désirent en savoir plus sur la Seconde Guerre mondiale et ses antécédents.
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Vous y rendre :
Adresse :
Topographie des Terrors
Niederkirchnerstraße 8
10963 Berlin
Métro : U2 Potsdamerplatz
Entrée : Gratuite
Horaires d’ouverture :
Octobre à avril : 10h – 18h
Mai à septembre : 10h – 20h
Informations de dernière minute : Ce n’est pas une visite guidée, mais vous pouvez obtenir des Audio-guides en français à l’accueil. Vous pouvez également réserver une visite commentée en appelant ici : 0049 30 / 25 45 09-50
ifeelblue
je trouve cette période de l’histoire très intéressante et bouleversante alors forcément ton compte-rendu de l’expo m’a beaucoup intéressée. Tellement révoltant que la majorité des dirigeants nazis aie réussi à se la couler douce sans jamais se faire juger ni punir…
Schnuki
oui ! Et le pire aussi, c’est de ce dire que ce genre d’atrocités sont toujours actuelles dans d’autres pays du monde… Je voyais l’autre jours des images de la Syrie aux infos, et pour moi ce n’était pas si différent…
Miryam
J’avais beaucoup aimé visiter ce musée, c’était vraiment intéressant et très très bien documenté!
Excellent article!
Schnuki
Merci Miryam ! Oui, même si elle met mal à l’aise, l’expo est tres bien faite et est très complète !
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